L'improbable est possible... J'en suis la preuve vivante !

Présentation

« Oui, j’avoue, j’ai fait des études… de maths. J’ai même été prof de maths. La probabilité qu’une diplômée en mathématiques devienne comédienne professionnelle est de 0,00001%. Donc quasi nulle. Je suis ce qu’on appelle en langage scientifique une mesure d’exception.

Alors Madame la Société – c’est comme ça qu’on dit dans les Caraïbes -, je vais improviser devant vous une série d’équations qui me racontent, moi, Latifa, un être humain en trop, qui ne trouve nulle part sa place. »

Conception, écriture et jeu : Latifa Djerbi
Accoucheur, aide à l’écriture : Jacques Livchine
Assistantes à la création et jeu d’acteur : Camille Bouzaglo et Fany Brunet
Lumières : Jean-Michel Carrat
Costumes-accessoires-scénographie : Carole Favre

 

À propos

« Ne fais pas ça ! L’année dernière à Avignon, il y avait 800 monologues de femmes en solo qui se plaignent de leur statut de femme… » 
Latifa Djerbi était prévenue. Elle relève pourtant le défi et, avec L’improbable est possible…, se met à nu et se raconte à travers quatorze formules mathématiques, quatorze aspects de sa vie énumérés avec sincérité et beaucoup d’autodérision.
En 2012, Saint-Gervais Genève Le Théâtre commande à la comédienne une forme brève de 30 minutes qui sera donnée pour cinq représentations exceptionnelles en guise de « lever de rideau ». Forte de ce succès, Saint-Gervais lui propose alors une résidence d’écriture durant laquelle Latifa Djerbi en compose la forme longue en octobre 2014.

 

Notes d’intention par Jacques Livchine

En principe je n’accepte jamais les demandes d’aide à la mise en scène, ou d’oeil extérieur. Pourquoi ? Parce que j’ai mon univers, mes codes, ma méthode, mon humour, un style de relation au public, un mode d’autodérision, le goût de l’imposture et que cela ne se transmet pas. Je suis bien incapable d’aider qui que ce soit, par contre déstabiliser et décourager, là je suis le meilleur.

Je déteste les solos, les one man show, les stand up, les acteurs qui cherchent le rire du public. Pour moi, c’est collaborer à la paupérisation dans laquelle on essaye d’enfermer le théâtre, et ce n’est rien, à part Caubère. Je déteste l’absence de sincérité des acteurs. Bon, vous l’avez compris, je déteste le théâtre et ses univers confinés.
Alors pourquoi avoir accepté la proposition de Latifa Djerbi ?
Je vais tenter de répondre à cette question.
J’aime le risque et le pas évident, et j’avais envie de faire une expérience, car depuis quelque temps, je pense que l’intime est subversif.

Et j’ai dit à Latifa, si tu oses te mettre à nue, exhiber tes plaies, tes cicatrices, tes blessures, aborder des sujets tabous, je veux bien essayer. Je ne supporte plus les acteurs bien formés en école, à la lissitude parfaite, au manque de caractère, à la fadeur impeccable, bien propres sur eux. Je veux du rugueux et de la passion volcanique et impétueuse.
Latifa dit qu’elle est sans doute plus proche au niveau ethnique des bretons que des arabes, et moi, personne ne m’a jamais prouvé que mes ancêtres faisaient partie de la grande diaspora juive du premier siècle après Jésus‐Christ. Serait‐ce donc une rencontre arabo‐juive ? Certainement pas, elle ne se sent pas arabe, et je ne me sens pas juif.
J’ai donc accepté le terme d’aide à l’accouchement d’idées. « Sage‐homme ».
Latifa s’éparpille, est brouillon, se disperse, va dans tous les sens, en fait toujours trop, ne sait pas doser ses effets, ne sait pas se concentrer, dérape. Et ensuite elle s’étonne d’être souvent rejetée. On a beau lui dire “tu nous saoules avec tes histoires qui n’ont jamais de fin”, elle continue, elle ne connaît pas la retenue. Passer deux jours avec elle, est une épreuve, parce qu’il faut la contenir et la canaliser. Tout déborde. Donc il fallait trouver le fil rouge, une structure, une construction, un ciment et une fin. Latifa vient du monde des mathématiques, elle a été prof de maths, je lui ai dit « voilà une spécificité qui vaut de l’or. » Et je lui ai demandé de transformer sa vie et ses problèmes en équations mathématiques, et là c’est devenu enfin intéressant, le torrent quand il dévale de la montagne, si on le fait passer par des turbines, devient électricité. Latifa va donc résoudre une équation : la sienne, mais qui devrait devenir « la nôtre ». Tel est l’enjeu de cette création.

Médiation culturelle

Dans le prolongement du spectacle, la comédienne Latifa Djerbi et l’auteure Lamia Dorner proposent une série de rencontres sous la forme d’ateliers créatifs et pédagogiques destinés principalement aux établissements scolaires du Secondaire mais adaptables à d’autres organismes.

Radio Cité, interview de Latifa Djerbi

par Yann Bellini, octobre 2014

« On est chacun sa propre minorité, formidablement unique, formidablement singulier ».

Le Temps, jeudi 26 Mai 2006.

« Je souhaitais être entière au théâtre, avoir du désir, de l’authenticité, plus de profondeur, de joie, de liberté… Plus de vie ».

Nord Littoral, jeudi 26 Mai 2006.