La danse des affranchies

Présentation

La danse des affranchies donne à voir le Printemps arabe depuis l’intérieur d’une maison, celle d’une famille franco-tunisienne sur le point d’imploser. Dounia, la seule à vivre en Suisse, découvre lors de l’enterrement de son père, son pays d’origine, la Tunisie, un pays en pleine insurrection contre le régime de Ben Ali. En parallèle, elle aspire à se ré-approprier un territoire qui lui est inconnu: son corps.

La danse des affranchies est une pièce du trop-plein. Elle pousse les curseurs de la violence exprimée, elle ose l’excès à travers une langue incisive, insolente et cruelle, parfois poétique. Elle interroge les ravages nés des prohibitions destructrices et imprimées dans les corps via une tyrannie sociétale sévère. Il s’agit d’éprouver comment les individus portent au plus profond de leur chair, cette oppression.

Non sans humour, la pièce fait radicalement le choix du politiquement incorrect, dans un mouvement jubilatoire et libérateur.

À propos

Lauréat 2016-17, le projet est porté, à l’origine, par TEXTES-en-SCÈNES, en partenariat avec Saint-Gervais Genève Le Théâtre, le Théâtre Arsenic, SSA/Pro Helvetia/Migros Pour-cent Culturel.

Dans ce cadre, Latifa Djerbi a travaillé à La Danse des Affranchies durant neuf mois, accompagnée par l’auteur et metteur en scène français Ahmed Madani. Celui-ci a à son actif une trentaine de pièces, la plupart éditée chez Actes Sud, comme la dernière, F(l)ammes, qui rassemble des jeunes femmes des cités, issues de l’immigration. Cette pièce a été très remarquée à Avignon 2017 et sera prochainement jouée à la Comédie de Genève et au Théâtre des Metallos à Paris.

La collaboration a été fructueuse, généreuse, et tout à fait en accord avec les thématiques soulevées par le projet. Ahmed Madani, tout comme Latifa Djerbi, défend un théâtre qui questionne le fonctionnement de la société, de la famille et la place des femmes. Nourri de son expérience théâtrale en territoires suburbains à fort brassage culturel, Ahmed Madani a également apporté son expertise sur l’aspect subversif et dramaturgique de La danse des affranchies. Il a permis à Latifa Djerbi d’explorer de nouveaux territoires d’écriture. Ancien directeur de la scène nationale de l’île de la Réunion, il l’a aussi poussée vers une exigence ambitieuse tant au niveau de la qualité de l’écriture dramatique qu’au niveau de la portée du propos.

En juin 2017, la présentation du projet a eu lieu sous la forme d’une lecture publique à Saint-Gervais Genève Le Théâtre, mise en espace par Julien Mages, auteur, metteur en scène et ancien lauréat lui-même de TEXTES-en-SCÈNES.

Suite à cette mise en lecture qui a reçu l’accueil enthousiaste du public et des professionnels présents, La danse des affranchies a été remarqué et choisi, parmi les quatre projets lauréats dans le cadre de TEXTES-en-SCÈNES, pour passer à la seconde étape de travail, qui aboutira à sa création à Saint-Gervais Genève Le Théâtre au printemps prochain.

En 2018, La danse des affranchies a été éditée aux éditions Lansman, collection Théâtre à Vif

Distribution

Ecriture : Latifa Djerbi
Mise en scène : Julien Mages et Latifa Djerbi
Direction d’acteur en tournée : Françoua Garrigues
Costumes-accessoires-scénographie : Anna Pacchiani
Lumières : Jean-Michel Carrat
Son : Michel Zürcher
Collaboration son : Loane Ruga

Mot de l’éditeur

Nous avions déjà entendu parler de Latifa Djerbi par nos collègues suisses mais nous n’avions jamais vu un de ses spectacles. Lorsque nous avons reçu son manuscrit, nous avons compris que sa réputation de « forte personnalité » n’était pas usurpée. En nous racontant cette histoire d’une famille tunisienne regroupée au pays pour l’enterrement du père alors que la révolution gronde, elle dresse une sorte de portrait de société qui nous aide à mieux comprendre les événements qui se sont passés dans ce pays. Mais au-delà du contexte, ses personnages sont attachants et si elle leur attribue une langue parfois d’une verdeur à faire rougir une armée de fantassins, elle leur réserve aussi des moments de tendresse et d’émotion qui nous ont beaucoup touchés.

Mot de l’auteure

Dans « La danse des affranchies » j’utilise la langue comme une arme. Une langue crue et incisive: émotionnelle. Je vise une écriture théâtrale organique. J’aime que les mots soient « viande et chair » pour que le texte ouvre sur une expérience sensorielle et cathartique. Il y a dans mon travail un sens de la réplique et du dialogue où se rencontrent l’humour et la violence.

Dans cette pièce, je raconte la violence qui s’exprime dans les relations intimes, comme les relations familiales. Je prends plaisir à les dynamiter, les miner pour en faire un champ de bataille, avec en arrière-plan le Printemps arabe. Je cherche ainsi à donner à voir, avec authenticité, des réalités qui me sont familières, et auxquelles les journalistes ne peuvent pas accéder ou très difficilement : l’intérieur d’une maison arabe.

A travers cette tension intra-familiale permanente, je n’en cultive pas moins des interstices, des questions. Il s’agit de mettre en texte le tacite, comme l’ambiguïté sexuelle par exemple. J’aime l’implicite dans les dialogues et les ellipses pour laisser un véritable espace à l’imaginaire du spectateur.

Chaque personnage de la pièce est porté par une vraie nécessité de dire et existe à part entière, dans sa profondeur et sa complexité. Loin d’être massifs, les personnages sont ici partagés, divisés. Ce sont les êtres déchirés. A l’instar de Dounia, Suisse d’origine tunisienne, qui vient dire sa difficulté à aimer les Arabes, car c’est une part d’elle-même qu’elle a du mal à accueillir.

« La Danse des affranchies 
dresse le portrait 
de femmes rebelles 
qui mènent leur combat intime et politique 
 avec force et courage ».

Le Courrier, 14 mai 2018.

 « DOUNIA: Pourquoi tu ne m’as jamais prise dans tes bras, Maman? J’ai tellement besoin de tendresse.

SAÏDA: Ji pas le temps pour la tendrisse ».

Le Courrier, 25 juin 2018.